Jo Galetas

 

 

Au soir

 

Inspiration perdue, égarée au réveil,

Qui était présente, au coucher du Soleil.

Les idées s’enfuient, voyant la lumière,

Ennemie jurée, tellement fière.

On voit fuir tous ses arguments,

Cette ignorance régnant,

Rôdant tel un vautour,

A en perdre espoir

Pendant le jour

Et enfin

Vient le

Soir.

 

 

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Temps

 

Au rythme des saisons, tout au long des années,

Brutalement ou non, le temps semble passer.

Cette loi continue, sans fatigue apparente,

Dans un chemin certain, sans trêve, sans attente.

Et on ne peut rien faire, et on ne peut rien dire,

Frustrés par ce constat et remplis de soupirs,

Gagnés ou par la joie, ou par le désespoir,

Hantés de sentiments souvent contradictoires.

Irrésistible envie de remonter ce temps,

Jugeant cet acte bon ou non selon les gens ;

Kiosque de souvenirs éternels et heureux,

Le temps paraitrait tel un flot majestueux.

Mais les plus mauvais rêves du fond de son être,

N’apparaissent plus là et semblent disparaitre.

On a beau les chercher, on ne les trouve pas ;

Pas dans cet endroit-ci, ni dans cet endroit-là.

Quelle idéologie proclame les regrets,

Regrets du temps passé, qu’on croit perdre à jamais ?

Si le temps peut parfois décevoir quelques-uns,

Tout le monde s’accorde à dire que chacun

Utilise ce temps du mieux de son possible

Vérifiant chaque instant, s’il demeure visible.

Wagon menant au bien, à certaine sagesse,

Xylophone qui à chaque note progresse.

Y-a-t-il autre objet, grâce à ses touches basses,

Zébré et parsemé, montrant le temps qui passe…

 

 

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Le roi s’endort

 

Le roi s’endort enfin dans son château immense,

Grand palais bien bâti, le balai en pâtit,

La demeure demeure soignée grâce à lui

Tant que les gardes gardent une bonne cadence.

Les hommes se relaient mais jamais ne se plaignent.

Le rythme des va-et-vient fait briller les sols

Mais chut ! Quand le roi dort, le temps suspend son vol.

Et tout le monde est fier de servir sous ce règne.

Le roi est bon, le roi est grand, le roi s’endort.

La reine veille sur lui, qui dort sans souci.

Il rêve peut-être de tout l’argent acquis,

Des pierreries précieuses et des quantités d’or.

Il pense peut-être aux victoires militaires.

Sous cette monarchie, pas de révolution.

Sous cette monarchie, pas de conspiration.

Civils ou bien armés, leur présence est entière.

Le monarque allongé, complétement à plat,

La tenue d’apparat, médailles apparentes,

Se repose dans une atmosphère apaisante.

Le roi s’endort et ne se réveillera pas.

 

 

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La photo

 

La photo est jolie

La photo est jaunie

Mais elle reste belle

Sur la nappe en dentelle

Elle trône sur un meuble ancien

Une sorte de buffet, fait main

Le Soleil fait briller le bureau

Et jaunir la photo

Le modèle sur l’image

Est heureux

Car les rayons du Soleil le font bronzer

Et la maison s’illuminer

Le modèle semble vivre

Revivre

Le Soleil le délivre

Et ainsi le rend ivre

De bonheur, de joie

Et l’homme le voit

Il est content car le modèle est content

Il sourit de toute son âme

Répondant ainsi au sourire de sa femme

 

 

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La pluie et le poète

 

Mais d’où provient le charme

D’une journée en pluie ?

Mystère qui désarme,

Le ciel se teint de gris…

Le poète s’inspire.

Lui est donnée l’envie

D’écrire son désir.

Le ciel se teint de gris…

Donnant placidité,

Plus plaisante est la pluie

Pour la plume plantée

Le ciel se teint de gris…

Quand l’orage fait rage,

Grâce à lui la pluie luit.

Le poète à l’ouvrage…

Le ciel se teint de gris…

Mais qu’écrive la plume

Et que

           tombe

                       la pluie

Le poète s’enrhume.

Le ciel se teint de gris…

Mais quand rayons reflètent,

Adieu le beau pluvieux !

Et malheur au poète

Le ciel se teint de bleu.

 

 

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Le médecin avare

 

Le médecin arrive avec tous ses bagages,

Et il pense à panser le bonhomme pansu.

Mais il n’y aura jamais assez de bandage !

Pensa le médecin, regrettant sa venue…

 

 

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L’aisé et le miséreux

 

Le miséreux pria au riche de donner

Un écu, un ducat ou quelque pièce d’or.

Le pauvre demandait : « Usez de votre bourse ».

Le riche l’ignorait, continuant sa course.

Le lendemain matin, le riche repassa.

Ce lendemain matin, le pauvre quémanda.

Mais l’aisé fit le sourd et passa sans rien dire.

Le miséreux, toujours, continua sa quête.

Il voulait seulement de quoi bien se nourrir.

L’aisé indifférent garda sa bourse close.

Le lendemain matin, le riche repassa.

Ce lendemain matin, le pauvre quémanda.

L’aisé ferma son cœur et ferma son trésor.

Il n’écouta les pleurs provenant du pauvre homme.

Il fit fi de cela, lui refusant la somme.

De suite il s’en alla, passant et ignorant.

Le lendemain matin, le riche repassa.

Ce lendemain matin, le pauvre quémanda,

Poursuivant son appel et son imploration.

Le riche marcha tel un homme très pressé,

Oublia le mendiant et passa devant lui,

Celui-ci continuant d’ignorer l’indigent.

Et ce dernier pensa, voyant le fortuné :

« Dans la vie il y a et       hauts     des

                                  des           et       bas. »

Conservant son trésor, l’aisé laissa le pauvre

A son bien triste sort, sa triste condition.

Le lendemain matin, l’aisé ne passa pas.

Ce lendemain matin, le pauvre demanda :

« Où est le fortuné, qui, presque chaque jour,

Passait devant mon nez, sans m’adresser parole ? »

Quelqu’un parmi les gens s’approcha du pauvre homme

Et à lui s’adressant, lui répondit ceci :

« Il aimait trop son or et ses propriétés.

Du coup il en est mort de peur qu’on ne lui vole.

Au moins vous, vous n’avez rien de particulier,

Rien en propriété, rien à vous inquiéter. »

 

 

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La pie

 

Dans sa robe noire et blanche,

Devrais-je dire son costume,

Aux couleurs franches

Où le bleu profond devient noir…

Usant de son élégance,

Usant de sa brillance, son étincelance,

La pie pille, pirate, piste,

Piège les piafs sans pitié,

Pingrerie pittoresque…

Ainsi le voleur voltige des volte-face de son envol.

Oui, il s’envole

Sans froisser son beau smoking,

Et dans son beau costume,

La pie fait le paon

Et se montre ;

Elle fait diversion pour commettre ses méfaits,

Tel un élégant cambrioleur,

Tel un fringant dérobeur ;

Il vole et s’envole à la dérobée.

 

Répétée la devise, le slogan :

Parmi les volatiles,

Il est des plus habiles

Et des plus fascinants.

 

Quand beaucoup voient le monde

Allant de mal en pie,

Le poète et l’oiseau

Sont entre eux et ravis.

 

 

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Le rêve

 

Le rêve

Le rêve

Le rêve

La chute

Le réveil

 

 

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Paris, Paris

 

La folie m’envahit et je suis fou de vous.

Vous êtes splendide, Madame Eiffel,

Toute d’acier vêtue.

Je me jette à vos pieds.

L’obélisque n’a rien à vous envier

Et l’arc triomphe,

Sous les yeux de Paris, la grande dame.

Cette dernière peut être fière d’elle.

Elle, si belle…

 

Paris, très chère amie,

Quand votre charme est-il le plus présent ?

Le matin, toute embrumée,

Le soir, toute colorée.

Le matin, encore endormie,

Le soir, un peu fatiguée ;

Quand notre Dame a un sacré cœur.

Dans son grand palais ;

Et quel que soit le pont,

Neuf ou des arts.

 

Mais où êtes-vous donc, Paris ?

Je vous attends.

 

 

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Colère

 

Fureur, irritation, courroux, emportement,

Ire, rage, violence et mécontentement…

 

Non.

 

 

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Conduite de cheminot

 

Le train partira dans quelques secondes

Et le contrôleur commence sa ronde.

Attention ! Attention !

Tous les passagers priés d’embarquer.

C’est le moment où il faut saluer

Ceux qui, quant à eux, restent sur le quai.

Non loin, on entend : « Billet, s’il-vous-plaît. »

Mesdames, messieurs, nous vous souhaitons

Infini confort, profitez à fond !

Le convoi s’en va, posé sur les rails ;

Certains le saluent, avant qu’il s’en aille.

Ou : qu’il ne s’en aille ; pardonnez-moi…

Le chemin de fer porte le convoi.

Oui, chemin de fer ! Porte-le, qu’on voit !

Qu’on le voit partir ! Qu’on le voit s’enfuir !

Dans un rythme vif s’élancent wagons,

Et locomotive avec son charbon.

Tunnel.

Le vieux cheminot est habitué.

Pour lui le train-train est de cheminer.

Le train est usé et les rails aussi ;

Le trajet risqué dans ce grand pays.

Un des voyageurs s’inquiète soudain ;

Il se lève et va à l’avant du train.

Il se met à chercher le contrôleur,

Lui demande avec un frisson de peur :

« Dites-moi, monsieur, j’aimerais savoir,

Et ne croyez pas que je suis un couard,

Si par infortune et si par malheur,

Arrivait quelque chose aux voyageurs,

Que se passe-t-il ? Qu’arrivera-t-il ?

Tous ces passagers, que deviendront-ils ?

Si un accident venait se produire,

Si tous les wagons devaient se détruire ?

- Ne vous inquiétez pas mon cher ami.

Certes un accident peut être permis.

Mais rassurez-vous, tout est calculé.

Dans ce cas, les billets sont remboursés. »

 

 

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La cheminée

 

         A la fois superbe et utile, décorée et décorant, la cheminée s’éternise dans les foyers. Là où le temps semble poursuivre inlassablement sa course, ce noble cadre reste omniprésent, dans chaque bâtisse. Il est le gardien du feu, dévoilant et diffusant ses qualités, mais cachant ses défauts. Les flammes prisonnières de leur belle cellule forment un spectacle qui ne lasse ni ne se lasse.

         Les couleurs varient, les matières diffèrent, mais la cheminée perdure, dévorant les bûches une à une, fidèle à son propriétaire tisonneur. De ce conflit entre flammes et matières inflammables naît la fumée, désirant tout de suite quitter le cadre de départ pour traverser un long et sombre couloir menant aux cieux. Au bout, cheminées et toits forment une parfaite entente, où les contours et reliefs sont le théâtre de spectacles mêlant lumières et formes.

         Une réelle vie reste présente autour et au sein du meuble appréciable qu’est cette cheminée, dont l’attractivité provoque sans cesse chez ses propriétaires une admiration brûlante.

 

 

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Maxime

 

Quelqu’un qui affirme se vanter très souvent

Est, en fait, en train de se juger justement ;

Quelqu’un qui affirme ne jamais se vanter

Est, en fait, en train de se flatter… se vanter.

 

 

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L’écrivain

 

Ecrit

Les cris

Que lui inspire le monde

 

Rêve

En faisant son monde

Crève

En voyant le monde

 

A l’envie

De rester dans son monde

A la vie

Peut-être moins immonde

 

L’auteur

Ecrit

Et crie : « vain ! »

A propos du monde

 

L’aigrit

Ecrit, décrit

Les gris

Du monde

 

Pour qu’ils blanchissent

 

 

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L’infirme et l’infirmière

 

Je panse donc je suis

Murmure l’infirmière,

Entrant dans la maison

D’un malade vulgaire.

L’infirme prend ses aises,

Et, d’un air malpoli,

Critique ce qu’il voit,

Tout ce qu’il a envie :

Vous me faites si mal,

Essayez d’en moins faire !

Je pince donc j’essuie,

Lui répond l’infirmière.

Il continue ainsi :

Je suis faible, fiévreux.

Vous ne me voyez pas,

Souffrant et malheureux ?

Je suis incommodé

Et la santé me fuit.

Remarquez mes douleurs,

Je penche donc je suis.

Eh bien vous savez quoi ?

Guérissez-vous vous-même !

Lui crache la soignante

Pour régler le problème.

Moi, je vous laisse ainsi,

Tout mourant et tout blême.

Oui, on n’est jamais mieux

Guéri que par soi-même.

 

 

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La devise

 

Un certain charcutier disait :

Un sale ami ne peut s’entendre

Avec des gens bons.

 

Et il avait raison.

 

 

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Larme chargée

 

Il est heureux jusqu’au sourire ;

Son magasin vient d’ouvrir.

 

Il est très fier de lui ;

En installant ses produits.

 

Il est satisfait pour le moment,

Voilà les premiers clients.

 

Il adore faire cela ;

Les aidant dans leurs achats.

 

Il est rempli d’allégresse ;

Quand les clients passent à la caisse.

 

Il retrouve un vieux courrier

Eveillant sa curiosité ;

Une facture non payée.

 

Il pleure, il est ruiné ;

Son magasin est fermé,

Et son rêve envolé.

 

 

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Le marchand à Paris

 

Paris, enfin ! murmure le marchand.

Il dit cela en souriant.

Il observe chacun des habitants

Et voit en eux de potentiels clients.

 

Il espère trouver des clients en marchant.

Il espère trouver des clients au marché.

Il visite différents lieux :

C’est par ici qu’on file,

Et par là qu’on corde…

Il passe sur le pont des arrhes.

Il cherche à qui vendre,

Tout en marchant en marchand.

 

Que vend le marchand ?

Des vêtements ? Des meubles ?

Au fils la table,

Au père la chaise.

Des bijoux ?

Sur la place vend dôme.

 

La visite continue

A travers les rues

La gare d’or sait

Que cette ville est d’argent.

 

Il est sûr de trouver acheteur,

Acquéreur, client ;

Et la gare d’or sait

Que cette ville est d’argent.

 

 

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Lune automne

 

L’automne

Est le summum

Pour le poète

 

La Lune

Est la fortune

Pour le poète

 

Les feuilles jaunes

Sont un trône

Pour le poète

 

La grande nocturne

Eblouit Saturne

Et le poète

 

La Lune ?

L’automne ?

 

Lune éclaire

L’autre est clair

Pour le poète

 

Et l’éclair devant la Lune en automne

L’éclaire et puis entonne

Pour le poète…

 

 

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Tentative de logique

 

Moulin à vent. Moulin après.

Moulin avait. Moulin apprend.

Et un papy russe nage dans le nihil.

 

 

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Autre maxime

 

Qui crie qu’il est muet ne l’est pas

Qui crie qu’il est sage ne l’est pas

Qui crie qu'il est parfait ne l'est pas

Qui crie qu'il est discret ne l'est pas

Qui crie qu’il n’est pas là l’est

Qui crie qu’il ne l’aime pas le hait

Qui crie trop n’a plus de voix

 

 

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Essai de description du résultat espéré après placement et consultation du miroir

 

L’élégance à l’état pur

Transpirant le charme

D’une beauté à couper le souffle

La classe en personne

Plein de délicatesse

Une distinction sans pareille

Esthétiquement parfait

Une grâce divine

Respirant l’harmonie

Splendide majesté

A l’aspect magnifique

Allure impeccable

Merveille admirablement mirifique

Et bien plus encore…

 

 

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Faux fabliau

 

Fissa

Facilement

Fascinant, le

Frisson

Facétieux et

Farceur

Falsifie et

Fausse d’une

Fougueuse

Façon le

Fourbe

Frustré qui

Fulmine d’une

Force

Fulgurante et

Fuit en

Fin

 

 

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Sans cible

 

Un muet par là

Commença : nom

Un sourd, en temps dit,

Répondit : ouïe

Certains cherchaient leur sens de la voie

Et Louis IX avait l’ouïe neuve

Souvent leur voie opéra

Et son haut règne fit grand bruit

 

Vois !

Fête moi un signe

Le bon sens ne suffit pas

A la vue de tout cela

 

Voie !

Cherchée trouvée aimée passée barrée scellée prêtée louée lactée rêvée laissée lassée payée 

signée citée cirée fêtée

Fait est

 

Voix !

Entendue, je l’espère

Quelque part sur la terre

Dont on peut être fier

Aujourd’hui ou hier

 

 

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Le conte y est

 

C’était il était une fois

C’était un chat qui portait des bottes

C’était un gamin à la tunique rouge

C’était un loup qui aimait manger les gamins à la tunique rouge

C’était un loup qui aimait se déguiser en grand-mère

C’était un flûtiste poursuivi par des rats

C’était un archer qui tirait dans des pommes

C’était un gosse qui jetait des bouts de pain par terre

C’était un œuf posé sur un mur

C’était un œuf tombé d’un mur

C’était une princesse qui perdait sa chaussure

C’était une autre qui vivait avec des nains

C’était ces derniers qui vivaient avec une princesse

C’était un haricot presque magique

C’était trois cochons qui construisaient des maisons

C’était un autre loup qui soufflait fort

C’était une petite blonde qui mangeait le plat des ours

C’était un petit homme en pain d’épice

C’était un pain d’épice en forme de petit homme

C’était une princesse aux longs cheveux

C’était une maison en sucrerie

C’était un homme à la barbe bleue

C’était un pauvre fou

Qui s’essayait à la poésie

 

 

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Son visage en songe

 

Tes yeux

Deux

Bleus

 

Ton teint

Bien

Brin

 

Ton sourire

Qui a beaucoup à dire

Beau à décrire

 

Ton visage

Un peu trop sage

Qui n’a pas d’âge

 

Ta chevelure

Ta coiffure

Qui rêve d’aventure

 

Et le reste

Avec ses gestes

Qui me fuit comme la peste

 

 

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Un jour comme les autres

 

Je lisais un certain Jack Greenmeadow

Un original

En prose ou en vers

En rose ou en vert

En doses et en verres

 

J’écrivais mes miscellanées

Ma nébuleuse

Et un certain Laidebord n’était pas loin

Ou Laid-De-Bord, je ne sais plus

 

Réflexion

Méditation

Question

Expérimentation

Evaluation

Et conclusion

 

Au rythme des rimes rigoureusement riches, des risques risibles et des rires rituels des rivaux qui arrivent en ribambelle sans prendre ride, mes remerciements s’envolaient vers mes chers amis et confrères

Et des vers à l’envers et de travers

La plume faisait son chemin

Et semblait voler et danser au-dessus des vagues de mots

Des vagues de maux

 

La réussite réside dans la neutralité

Sans sations ni timents

Ainsi, l’artiste attristé attise et attire :

Le neutre est des nôtres

 

La plume bât de l’aile et s’envole

Pour laisser au-delà du papier

Quelque expression folle

Folle alliée

Liée à jamais

Mais libre aussi

Si on la connait

Naissante ou finie

Voici les mots que sont les nôtres

Apparus un jour comme les autres

 

 

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L’art en loi

 

Picasso en pique-assiette

C’est vrai, qui déroge dérange

Et l’être est étrange

Etrange et étranger

Parasité, parasite et paralysé

 

Mais c’est bête de s’en faire pour cela

Et l’artiste n’en fait ni guerre ni cas

Après tout il a bien raison

Avant tous il a ses raisons

A Malaga, Mougins ou Avignon

 

Puis d’autres confrères suivent

Qui ignorent et vivent

Qui ignorent et poursuivent

Leurs projets qui dérangent

Et qui ainsi se vengent

 

Tant qu’il y aura ceux-ci

Tant qu’ils exerceront

Et tant qu’ils dérangeront

Certains seront là pour rejeter

D’autres seront là pour admirer

 

 

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Impatience

 

Combien ai-je de doigts à ma main ?

Un…

Et puis zut ! Je compterais demain.

 

 

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La ruée vers l’heure

 

Tout ce temps

Tout se tend

Chaque instant

Chacun se tend

Dès lors

Dès l’heure

De l’horloge

Où l’heure loge

Quart d’heure

Car d’heures

Besoin est

Besoin aie

Et lasse

Hélas

Prenez le temps de vivre

Prônez le temps de vivre

Et le bonheur

A la bonne heure !

 

 

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Monsieur

 

Vous ai-je déjà parlé de Monsieur ?

Charme pour les yeux du haut jusqu’en bas.

Homme intelligent, vous pouvez me croire,

Qu’on aimerait voir se mêler aux gens.

Monsieur est féru de choses brillantes,

De choses claquantes aujourd’hui perdues.

Lui, bien éduqué, aux bonnes manières,

N’ose plus en faire où il est logé.

Sa moustache claire est aussi tenue

Et aussi pointue que ses propres vers.

Eh bien oui Monsieur est un poétique

Quand Monsieur s’applique et fait de son mieux.

C’est un gentleman au nœud papillon,

Au chapeau melon, à la longue canne.

Il est un artiste au charisme fou,

Aux sentiments flous, quand il entre en piste.

Mais voilà Monsieur est bien différent

De ces braves gens qui l’ont sous leurs yeux.

C’est un incompris, un semblant étrange

Dont l’idée dérange et rend indécis.

 

En actif errant, il est différent

Mais indifférent à ce différend.

 

Différent…

 

 

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File, ô Sophie

 

« File, Sophie !

Et puis cure ! »

Elle se souvient de cette phrase

Mais ne peut s’empêcher d’être en extase.

Voyant la populace

Qui, comme le temps, passe.

Elle aime ce restaurant ;

Elle hume les thons plats, les harengs.

Elle voit les serveurs et les serveuses

Apporter les vinasses au moins douteuses.

D’autres amènent dans des seaux crades les portions.

Si c’est rond, c’est peut-être bon.

Dans un coin, une loque finit sa tarte

Et un roux sot distribue des cartes.

Kant au roux sot, il met dans le Mill

Grâce à ses fraudes plus ou moins subtiles.

Et quelques passants qui se croient intelligents,

Et même d’autres qui se prennent pour des savants,

Entament des débats sur des sujets

Inutiles, qu’ils ne finiront jamais.

Mais d’où viennent tous ces gens ?

Le patron arrive en interrompant :

« Sophie, ne t’arrête pas de filer,

Ou tu pourrais bien te mettre à penser. »

 

 

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Une nuit comme les autres

 

J’attends la muse avec espoir

Plume asséchée et lapin posé

Il a dû lui arriver quelque chose

En chemin

Je ne crois pas que cela m’amuse

Et la page en reste blanche

Si je ne m’abuse

Autant en emporte le blanc

Et le récit parsemé de vent

Devant

L’espoir de la revoir

Elle vient chaque nuit pourtant

Depuis longtemps maintenant

Et

Elle arrive enfin

Sur sa monture d’ivoire

Elle vient me voir

Me revoir

Me souffler le mot

M’épargner les maux

Elle a tenu le rendez-vous

Convenu

Qui est nôtre

Une nuit comme les autres

 

 

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Voyage  

 

Si je pouvais remonter le temps,

Je serai cireur de chaussures

Ou bien vendeur de vieilles voitures.

 

Si je pouvais changer d’époque,

Je deviendrai barbier

Ou alors croupier.

 

Pourquoi changer d’époque ?

Pourquoi changer de temps ?

Pour refouler le présent…

 

Refouler le présent…

Diront certains

 

Pour cela, il faut avoir

Des relations haut placées,

Des pensées mal placées.

 

Occupe-toi du présent

Tâche de le passer

 

Le passé est important

Le présent est maintenant

Le futur est encombrant

 

Pourquoi toujours vouloir ?

Ou toujours exiger ?

Certains m’ont répondu

 

Quelqu’un qui ne désire

Rien n’est pas heureux

Mais n’est jamais déçu