Monti Egrer
Face à face
Face à l’eau ce sont
Ses sanglots qui
Coulent, qui coulent
Qui coulent
Et face aux flots ce sont
Des larmes que
L’on voit tomber au
Compte-gouttes
Elles claquent une à une
Sur la sur-
Face lisse de
L’étendue d’eau
Elle
Elle
Elle
Elle sanglote face à face
Face à l’eau
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Le scarabée
Dans mon cœur est logé
Un drôl’ de scarabée
A chaque battement
Il se gav’ de mon sang
De ça il se nourrit
Et chaqu’ jour il grossit
Ça ne durera pas
Un jour il éclat’ra
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L’enfant
J’ai un enfant dans la tête
Et entre mes deux yeux
Il fait des galipettes
La nuit, enfin endormi
Lui, continue ses jeux
Je l’entends faire du bruit
Et du coup, j’eus une idée
Pour qu’il sorte de là
Une idée bien pensée !
Sans hésiter j’enfonçai
Un morceau de nougat
Dans mes narines, eh eh !
Ça n’a pas du tout marché
Derrière mes pupilles
Il s’est alors caché
Il est resté vous savez
Il joue aux billes
Avec mes crottes de nez
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Le tyran ovipare maladroit
Le tyran ovipare maladroit
Ne sachant que faire de ses dix doigts
Décida de partir sur la lune
Pour y amasser sa fortune
Une fois arrivé à bon port
Il s’apitoya sur son sort
Car aucun œuf il ne trouva
Et de ce fait, trépassa
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C’était en fait…
C’était en fait un petit poème
Que j’avais glissé sous ta porte
Mais tu n’as pas dû le trouver
Je l’ai aperçu ce matin
Sous la semelle de ta chaussure
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Duval, ce dormeur
Regardez-moi celui-ci
Allongé, faisant semblant
Paisiblement
D’être endormi
Il ne dort pas le coquin
Il attend le printemps
Patiemment
Je le connais bien
Duval, immobile, inquiète
Le ventre rouge, le visage blanc
Froidement
Il meurt, en fait
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Moi je parle en latin
Moi je parle en latin
Pour paraitre intelligent
Comme y’en a certains
Qui parlent de temps en temps
En anglais pour faire snob
Pour dire bonjour
Moi j’dis « Ave »
Quand j’parle d’amour
Je me mets à chanter :
« La donna è mobile, qual piuma al vento »
Moi quand j’parle en latin
Tout le monde m’appelle
Professeur Truc, docteur Machin
Et on me traite comme tel
Avec tout ce que ça englobe
Pour dire « Comment ça va ? »
Moi je dis « Ut vales ? »
Et quand je n’comprends pas
J’dis avec politesse
« Quid dicas non intellego »
Moi je parle en latin
Pour paraitre intelligent
On m’prend pour un médecin
Je parle et personne ne comprend
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Tes yeux
J’ai cru voir tes yeux
Sur le visage d’une autre
Alors j’en suis tombé amoureux
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L’étrangleuse
J’avais la cravetouze coincée
Dans ma porte d’entrée
Je me rendais à une soirée
Alors j’étais pressé
En sortant, la porte s’est claquée
Et là, j’me suis cogné
Ma cravate venait de coller
La porte sur mon nez
Au bout du tissu, comme un pendu
Je m’suis balancé
Drôle de soirée…
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Carrousel
Cheval de bois
Cheval de bois
Cheval de bois
Cheval de bois
Cheval de bois
Cheval de bois
Cheval de bois
Cheval de bois
Cheval de bois
…
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Hamburger
J’ai la tête comme un hamburger
Le matin
Avec un steak haché, une feuille de salade
Un peu de sauce et deux belles tranches
De pain
J’ai du fromage dans les oreilles et entre
Les dents
Vous n’imaginez peut-être pas la scène
Mais je peux vous dire que c’est assez
Marrant
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Douce folie
Je laisse aller
Ma douce folie
Sur la feuille jaunie
D’un carnet fatigué
Mon crayon virevolte
Commence à dessiner
Sur le carnet usé
Une douce révolte
Drôle de frénésie
Qui s’empare soudain
D’une des pages d’un
Vieux carnet défraîchi
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J’écoute du Jazz
J’écoute du Jazz
J’m’appelle Richard
J’trouve ça chouette
Le Jazz
Ça fait snob et
Distingué
Pour écouter, je mets
Un joli smoking et
J’me sers un verre
De scotch
Ça fait snob, quoi
Distingué
C’est une ambiance
Ça ne s’écoute pas n’importe quand
Feu d’cheminée
Canapé
Ça fait snob, hein
Distingué
J’écoute du Jazz
J’écoute du Jazz
Tzoo tzoo skat skat bam bam boom
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Ma vie est un film
Ma vie est un film petit budget
Et j’en suis l’acteur principal
Autour de moi
Tout est factice
Ce n’est qu’un décor
Pour faire vrai
Je vis comme dans un film
Il y a des caméras chez moi
Elles me filment
Partout où je vais
Je ne suis jamais tranquille
Je me sens observé
Ma vie est un film
Une comédie dramatique
Assez ennuyeuse
La fin n’a pas encore été écrite
Mais il n’y aura pas de suspense
C’est du déjà vu
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L’intrus
Une ombre derrière le volet
Un sifflement
Une porte qui s’ouvre
Un bruit
Un souffle sur ma nuque
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Le duel
Quand le cow-boy
Comes in town
Les gens rentrent chez eux
Les chevaux se cachent
Les autruches enfouissent leur tête
Dans le sol
Quand le cow-boy
Takes his gun
Les bavards se taisent
Les couards restent cachés
Et les mouches
N’ont plus l’cœur à voler
Quand le cow-boy
Dies
Les villageois se précipitent
Les enfants courent
Et les corbeaux
Sont de sortie
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Cher journal
(ça commence toujours comme ça)
Je vais te raconter ma vie
Tout ce que j’ai fait aujourd’hui
Tous mes soucis
Mes petits ennuis
Et ceux de mes amis
Mes journées bien remplies
Et c’que je fais le samedi
Toutes mes maladies
Mon anorexie
Et mes amours aussi
Une sorte de biographie
Où tout sera écrit !
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Dans ce labyrinthe
Dans ce labyrinthe
Avec vous
Je me perds
Dans vos yeux
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Joconde
Dans le carré V.I.P.
J’ai croisé ce samedi
La Joconde de de Vinci
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Poème capilotracté pour elle
C’est en sentant ses cheveux
Que je l’aimai
La première fois
Ils étaient doux
Ils sentaient bon
Et j’y plongeai mon visage
Sa crinière criarde
Et ses tifs étouffants
Tignasse teintée
De mèches brunes
Chevelure chaude
Comme un voile
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Je vous aime
Et j’aime vous voir danser
Toute seule
Dans votre salon
Madame
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Le métro
Comme un gros
Vers de terre
Dans une
Grosse pomme
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Le peintre du dimanche
Toutes les fins de semaine
Le peintre du dimanche
Sort ses pinceaux
Et sur une toile
Il barbouille
Tous les week-ends
Le peintre du dimanche
Occupe son temps libre
En jouant les artistes
Talentueux
Il peint des fleurs
Des corbeilles de fruits
Il peint des chatons
De jolis bateaux
C’est un artiste
Talentueux
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Le trompettiste
Le soir dans les bars
Le trompettiste
Joue de la trompette
Il fait gonfler ses joues
Et il souffle fort
Dans sa trompette
Il bouge ses gros doigts
Pour jouer les notes
Et il plisse les yeux
C’est en pleurant
Le trompettiste
Qu’il joue de la trompette
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Les volets
C’est afin de vous voir
Que j’ouvre mes volets
Chère voisine
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La rose qui dit
J’ai vu l’autre jour
Dans le jardin
D’un de mes voisins
Une rose qui dit bonjour
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Reste jeune
Aujourd’hui
Ma mamie
M’a dit
« Reste jeune »
« Reste jeune »
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Le malade
Est-ce grave docteur ?
Dites-moi tout
Dites-moi tout
Vais-je souffrir docteur ?
Jusqu’au bout ?
Jusqu’au bout ?
C’est pas plus mal docteur…
Après tout
Après tout
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Mes poèmes
Dans mes poèmes à moi
Les mots ils raisonnent
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Quand tu souris
Un sourire comme celui-ci
Rien de plus joli
Un éclair dans la nuit
Et la Joconde de de Vinci
Toi quand tu souris
Ce n’est pas à demi
C’est vraiment inouï
Et la Joconde de de Vinci
Et quand je te dis
Souris
Toi tu souris
Et la Joconde de de Vinci
Quand tu lis
Tu souris
Quand tu réfléchi
Tu souris
Cela ou ceci
Tu souris
Et la Joconde de de Vinci
Quand tu ris
Tu souris
Quand tu refroidi
Tu souris
Quand tu vomis
Tu souris
Quand tu t’évanouis
Tu souris
Et la Joconde de de Vinci
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Cent pantalons
J’en ai acheté cent
Pour en changer chaque jour
Ça m’a coûté cher
Mais je suis fier
D’en avoir cent
Des pantalons
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Une main en moins
J’avais perdu ma main
L’autre jour
Elle était tombée
Dans mes toilettes
Je m’en étais
Rendu compte
Lorsque j’avais voulu
Me gratter le nez
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La fin du conte
C’est toujours avant
La fin du conte
Que l’on s’endort
Que l’on s’endort
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A bout de souffle
Et c’est à bout de souffle
Que j’achèverai la course
Des perles de sueur
Sur le front
Et la tête entre
Les genoux
Je donnerais tout
Aux derniers kilomètres
C’est là que c’est
Le plus dur
Alors je fermerai
Les yeux
C’est à bout de souffle
Que tout fini
Tout le temps
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Chute libre
49e étage…
50e étage…
51e étage…
52e étage…
53e étage…
La descente sera plus facile
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Le mot juste
Un jour je trouverai
Le mot juste
Pour te le dire
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Les fleurs
Et c’est alors
Que de mes deux yeux
Jaillissent des roses
Et des bouquets de fleurs
Comme ceux des mariés
Ou ceux qu’on offre aux morts
Des visages fleuris
De drôles de silhouettes
Végétales
Et des ombres colorées
En contre-jour
C’est si beau
Pensé-je
Comme des feux d’artifice
Naturels
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Poème niais
Encore un poème niais
Pour ne rien dire
C’est comme une plainte
Silencieuse
Un râle
Qui passe inaperçu
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Thé
Dans le jardin
Derrière la maison
On boit du thé
Dans des tasses
Dans le jardin
On s’assoit à la table
Et on sirote du thé
Dans des tasses
En écoutant de la musique
Et en riant
On boit du thé
Dans des tasses
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Café
Le café c’est
Pour les adultes
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Mémé
Allez mémé
Vous pouvez
Mais oui mamie
C’est permis
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Ma moustache
Comme un bijou de mâle
Ma moustache
Qui orne mon banal
Ma moustache
Visage si pâle
Ma moustache
D’une beauté sans égal
Ma moustache
Cet air royal
Ma moustache
Me rend amical
Ma moustache
Et beaucoup plus jovial
Ma moustache
Je me sens animal
Ma moustache
La crinière d’un cheval
Ma moustache
L’haleine d’un chacal
Ma moustache
Et pour toute la fortune mondiale
Ma moustache
Je ne couperai ces poils
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C’est presque une fin…
J’ai cassé mon crayon
J’ai plus aucune feuille
J’en renversé du café
Sur mon ordinateur
J’retrouve plus ma vieille
Machine à écrire
J’suis fatigué
J’ai mal au crâne
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La marionnette
L’autre jour au marché aux puces
J’ai aperçu une drôle de marionnette
A mon approche, elle s’est redressée
Et m’a regardé droit dans les yeux
Sa petite bouche de bois s’est ouverte
Et elle a commencé à chanter :
« Surtout pas grandir »
« Surtout pas grandir »
J’ai reculé d’un bond
Les yeux écarquillés
Et elle se mit debout
Et commença à danser
J’me suis frotté les yeux
Pensant rêver
Et, toujours de la même façon
Elle se mit à chanter
« Surtout pas grandir »
« Surtout pas grandir »
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La poupée
C’était l’autre jour
Lors d’un vide-grenier
J’aperçu
Posée
Sur une table
Une poupée
Magnifique
Elle avait
Des tresses
Dorées
Et de belles pommettes
Roses
A mon approche
Elle se releva
Brusquement
Et regarda
Dans ma direction
Elle sourit
Puis ouvrit la bouche
Pour chanter
« Surtout pas grandir »
« Surtout pas grandir »
Je revois encore
Ses grands yeux bleus
Et la phrase
Raisonne encore
Dans ma tête
« Surtout pas grandir »
« Surtout pas grandir »
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Le nain
L’autre jour dans un bar
Est entré un nain
Il s’est approché du comptoir
Et a sauté sur un tabouret
Il s’est tourné vers moi
Et m’a regardé d’un air niais
Alors il a commencé
A chanter
« Surtout pas grandir »
« Surtout pas grandir »
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Mon tapis volant
Je suis assis
Sur mon tapis
Et j’attends
Qu’il soit volant
Mon tapis
Je suis en face
D’un vasistas
Et j’attends
Qu’il soit volant
Mon tapis
Rien
I s’passe rien
Mais j’attends
Qu’il soit volant
Mon tapis
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Sur le fil
Sur un fil tendu
Entre la Lune et la Terre
Je jouerais les funambules
Là-haut dans les nues
Comme volant dans les airs
Je jonglerais au milieu des grosses bulles
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Cette trouille
Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas eu
Cette trouille
Elle est revenue comme ça
Soudainement
Elle est assez difficile à avoir
Cette trouille
Mais une fois que tu l’as
Elle ne te quitte plus
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Le swing du zazou
La piste de danse est vide
Tout le monde le regarde
Mais il swing, swing, swing
Comme un zazou
Il ne sait pas danser
C’est la première fois
Mais il swing, swing, swing
Comme un zazou
Il a des ennuis plein la tête
Mais là, il les oublie
Il swing, swing, swing
Comme un zazou
D’habitude, il ne danse pas
Il en avait assez, c’est tout
Alors il swing, swing, swing
Comme un zazou
Il a les yeux fermés
Les genoux qui craquent
Il swing, swing, swing
Comme un zazou
Le doigt en l’air
Sur Zaz Zuh Zaz
Il swing, swing, swing
Comme un zazou
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Le petit poète
Je suis un petit
Poète
Qui écrit ce qui
Lui passe par la tête
Mes poèmes sont
Niais, un peu bébête
Comme le sont
Les gens, en fait
Ils sont niais
Parce que les gens sont niais
Ils sont bêtes
Parce que les gens sont bêtes
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Timmy Gondole
Il n’y a qu’une seule tête
Sur le corps de Timmy Gondole
Et il n’y a qu’une paire d’yeux
Au milieu de son visage
Il est doux
Bleu Timmy Gondole
Il est d’où ?
Bleu Timmy Gondole
Sans boire, il voit double
Et il mange pour deux
Il se divise Timmy Gondole
Il est blanc et noir Timmy Gondole
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Tommas le clown
Tommas est un clown
Alors tous les matins
Il se maquille
Comme tous les clowns
Il porte de grandes chaussures
Et un nez rouge
Il a une fleur dans la poche
Et elle crache de l’eau
Quelques fois
Ses copains sont des clowns
Ils sont comme lui
Des rigolos
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Tommy
Tommy s’en va pleurer
En haut de la colline
On vient de lui avouer
Qu’il n’est qu’une machine
Il sait plus quoi penser
En haut de sa colline
Cette drôle d’idée
Dans sa tête trottine
Tommy s’en va chialer
En haut de la colline
On vient de lui avouer
Qu’il venait d’une usine
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J’ai le blues
Je ne sais pas ce que j’ai ce matin
J’ai le blues
J’écoute le Duke Ellington
J’peux pas sortir ce soir
J'ai pas de flouze
J’écoute Oscar Peterson
Je ne parle plus en latin
J’ai le cafard
J’écoute Fats Waller
Il n’y a plus aucun espoir
J’suis un pleurard
J’écoute Glenn Miller
J’préfère parler américain
J’ai toujours le bourdon
Alors j’écoute Sydney Bechet
Aujourd’hui, je broie du noir
J’ai le blues pour de bon
J’écoute The Golden Gate Quartet
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Le voyeur
Il y a deux gros yeux ronds
Qui me regardent la nuit
Comme deux petits ballons
Phosphorescents dans la nuit
Ils attendent patiemment
Que je sois bien endormi
Puis ils s’ouvrent brusquement
Ils me regardent fixement
Comme deux astres dans la nuit
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Mon œil
J’ai des cernes en-dessous
Des poils au-dessus
Des poils autour
Des rides sur un des côtés
Et une larme sur l’autre
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Chapeau melon
Depuis deux ou trois mois
Passe chaque matin
Un homme avec son chien
Juste devant chez moi
L’homme est un grand monsieur
Assez maigre et son chien
Est un beau Dalmatien
Avec de jolis yeux
L’homme a un chapeau rond
Porté comme un diadème
Et son chien a le même
C’est un chapeau melon