Vys Inox
Petite pensée fatigante
Rien ne sert de courir
Il faut partir tranquille
Vivre loin de la ville
Où tout nous abrutit
Si l'ennuie fait languir
L'effort nous fait mourir.
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Alea Jacta Est
A l'aube de nos jours
L'avenir est caché
Et son poids se fait lourd
Ah, que nous somme benêts
J'ai une meilleure idée
Arrêtons de chercher
Ça commence à peser
Tous ces inquiétés
Arrêtons de chercher
Et laissons faire le hasard
Se faire plus rigolard
Tu vois comme c'est fendard.
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Éloge à un con
Que ferait-on sans toi, Ô con ?
Toujours si con soirs et matins
Ta connerie dont tu es fier
Tu en es le con-serviteur
Tu en parfais la construction
La montre comme un baladin
Même pas tu ne l'exagère
Elle apparaît dans son horreur.
En te levant, tous les matins
En te levant, tu es content
Avec tes semblables tu converses
Et vous venez vous exhiber.
Vos âneries vous combinez
Vous provoquez des controverses …
Mais on se sent intelligent
Quand on voit tel tas de crétins
Merci à toi, Ô con, sans toi nous ne serions être intelligents. Et si tu es con tant mieux.
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Les devises
Liberté-Égalité-Fraternité
On parle de capitalisme libéral. Où est la liberté ?
On parle de communisme. Où est l'égalité ?
Et la fraternité, on n'en parle même pas !
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Le radiateur
Suite de barres parallèles
Ou croisement de serpentins,
Il nous apporte la chaleur
Qui est si chère à notre corps.
Mais quand elle se fait la belle,
Quand le froid se rue sur nos mains,
Il devient simple radiateur.
Et alors là, la poésie se fait la malle.
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Les lampes dégagent une lumière blanche pâle, douloureuse pour les yeux. Dehors l'aube se lève timidement sur un ciel azur. Les premiers rayons du soleil viennent se refléter sur la rosée comme l'éclat d'une flèche d'or sur la verdure d'une végétation luxuriante. Mais ici, le professeur a décidé de tirer les rideaux. Plus de subtilité dans le vert intense des pins, mais des rideaux dont le vert délavé rappelle la morve. Plus de bleu dégradé à l'horizon mais toujours la même lumière agressive. L'épique naturel d'un simple parc a laissé sa place à la monotonie d'une salle de classe. Alors pour fuir cette lumière qui m'observe, je ferme les paupières et je vais rejoindre des espaces de liberté dans le doux pays de Morphée.
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Je marche.
Enfin, tout le monde marche. Sauf les vers de terre et les serpents, eux, ils rampent mais bon… Je veux dire que j'en ai fait un art de vie. Lorsque les gens marchent, ils partent d'un point pour aller à un autre point précis en empruntant le chemin le plus court. Personnellement, je pars d'un point et marche, puis marche, sans but précis ni destination. Ainsi le voyage devient un but en soi, plus qu'un moyen. De toute façon, pour aller où ? Ailleurs ? Ça, ça paraît logique. Mais à droite ou à gauche ? Je m'en fiche, je coupe à travers champs. Vous voyez, je ne me préoccupe pas de la destination. D'un autre côté, s’il y a destination, il y a fin, donc retour au quotidien, donc je n'y pense pas. Donc je voyage pour voyager : dormir dehors, manger des repas de fortunes, avoir des ampoules aux pieds... En y repensant, Décathlon devient un magasin pour club masochiste... J'ai comme l'impression que je m'écarte du sujet. Vys Inox, veillez à arrêter de m'interrompre et de me détourner de mon sujet. Je disais donc : je voyage pour le voyage. Surprendre l'envol d'un oiseau ou écouter un cours d'eau. On peut marcher durant une journée entière et cependant, l'horizon se renouvelle toujours. Sauf quand je trébuche. Là je peux observer les vers de terre. Tiens ? Ils sont encore là eux... Ah ! Il ne pleut plus. Merci de m'avoir hébergé pendant l'averse. J'y retourne.
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Sans Titre
Les mots ont leurs sens
On le sait, on le sent
Sans les mots, la phrase n'a plus de sang.
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Les nombres
Le mâle α est un peu β
Tant π .
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Le rhume fait voir en gris
La rancœur et la rancune rôdent dans la rue
Elles rognent le pavé et rongent la rate
Tandis que les rats se ruent sur les routes
Et ruminent en ramant sur une bouteille de rhum
Le rendu est rageur et laisse un goût de rancie.
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Silence
Lorsque je ferme les yeux, je te vois.
Tes deux yeux, profonds comme les abysses et ardents comme des braises, me fixent.
Ils me sondent, lisent en moi comme dans un livre ouvert.
Tes cheveux blonds volent au vent accompagnés du claquement de ton écharpe.
Ils me font penser aux inlassables ondulations d'un champ de blé.
Je peux presque sentir ton odeur.
Une saveur vanillée l'ampli.
J'essaie de me rapprocher, mais tu t'éloignes.
Et ton silence...
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Nadjejda
Alors, j'aperçois tes lèvres s'écarter
Je vois ta bouche s'ouvrir
Et tous mes soucis s'envolent, il n'y a plus que toi et moi.
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Le gratin est dans le four. J'ai encore le temps avant qu'il ne dore. Pendant ce temps, je vais mettre la table. J'ouvre les placards et sort une assiette et une paire de couverts. Je mange seul. Ma femme mange au restaurant pour son travail. C'est elle qui a préparé le gratin hier soir. Elle m'a aussi laissé un mot :
Bonjour mon chéri,
J'espère que tu as bien travaillé cette nuit. Je t'ai préparé un gratin. Pense à bien faire la vaisselle, passe un coup de balai, change la caisse du chat et j'ai mis du linge à laver, si tu pouvais l'étendre, ça serai bien.... (Je ne vous le lis pas en entier, se serait bien trop long) Je reviens ce soir, je mange au restaurant à midi.
PS : pense aussi au moins à passer un coup de balai et à aller chercher de quoi faire à manger pour la semaine...
Et moi, je dors quand au milieu de tout ça ? J'ai passé toute la nuit à visser des boulons sur une chaine de production, pour des voitures. J'aimerai bien dormir maintenant, mais je dois faire tout ça. Au moins, elle a fait le gratin. Et dire que j'étais amoureux, il y a 20 ans, quand j'ai dit « oui ». Maintenant qu’elle a fait carrière, les choses ont bien changé, elle est devenue insupportable, elle me prend de haut. Moi, je ne suis qu'un simple ouvrier qui travaille à la chaine pour serrer des boulons, mais madame est devenue commerciale.
J'aimais bien marcher, avant, mais non, elle veut prendre le taxi, ça fait mieux. J'aimais bien, les soirs, aller au café du coin pour passer un bon moment avec les copains, mais ce n'est plus digne de notre rang : aller au bistrot et fréquenter une bande de « soiffards »... Et oui, Madame préfère aller écouter ses concerts de baroque dans des chapelles entourée de vieux croutons, c'est bon pour son image, et je dois la suivre. Ça aussi, c'est bon pour son image, et je dois la suivre. Mais surtout, je ne dois pas parler !!! En tout cas, il vaut mieux que j'évite, il paraît que je n'ai pas le standing.
En fait, il n'y a qu'une seule chose que je puisse encore faire sans qu'elle ne me reprenne constamment : visser des boulons sur une chaîne de production pour des voitures. Mais malgré tout, je ne veux pas me séparer. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être la peur d'être seul ? La peur de l'inconnue ? Je regarde par la fenêtre et je sens la douce odeur du pain qui s'élève de la boulangerie, au coin de la rue d'en face. Un doute me prend soudain, je vérifie et constate alors : Il n'y a plus de pain dans la boite à pain.
J'aime bien manger mon gratin avec du pain. Je regarde, dans le four, j'ai encore le temps d'aller en acheter. Je prends ma vieille veste de travaille et je sors. Elle a horreur de cette veste, elle n'est pas assez « chic ». Mais moi je l'aime bien, alors je la garde. Elle tient chaud et elle est discrète, on ne sait jamais, par les temps qui courent. Hier encore ils parlaient d'agression au journal télévisé de 20 heures, mieux vaut faire profil bas. Alors je sors avec ma petite veste discrète. Un jour, sans doute, je ne la trouverai plus dans la buanderie et ma femme m'annoncera avec son sourire qu'elle prend lorsqu'elle m'annonce ce genre de choses : « Ta vielle veste sale ? Ah ! Je l'ai jetée en faisant un peu de tri dans tes vieilles affaires qui trainaient ». Et je n'aurais pas mon mot à dire. Enfin …
Il fait froid dehors, l'hiver approche, alors je remonte ma fermeture éclair au plus haut et je mets mes mains dans les poches. Je fais quelques mètres et les ennuis commencent : une voiture noire arrive. Ce n'est pas le genre de bagnole que je pourrais me payer avec mon salaire, une voiture d'ouvrier quoi. Je ne vois pas le chauffeur, les vitres sont fumées. J'ai l'impression d'être dans un film de gangsters, où les méchants tuent un témoin gênant en pleine rue avec une mitraillette depuis une voiture. D'ailleurs, je même l'impression de voir la vitre passager s'ouvrir. Je commence à paniquer. Et là, les choses se sont passées si vite que je n'ai pas eu le temps de réaliser ce qui m'est arrivé. Avant même de rouvrir les yeux, je commence à comprendre. Je me sens trempé jusqu'aux os. La voiture m'a éclaboussé en roulant dans une flaque d'eau, et quelques mètres plus loin, une main jette un mégot de cigarette avant de refermer la vitre. Je reste quelques secondes sans réaction, il est trop tard lorsque l'envie de crier me prend, la voiture est déjà loin. Alors je décide de garder ma mauvaise humeur pour moi, comme d'habitude. Et je continue ma route avec ma vieille veste trempée.
Moi qui voulais passer inaperçu, c'est raté. Je marche le long des murs pour ne pas me faire remarquer. Je sanglote dans ma vieille veste trempée, il fait froid dehors. Et encore une fois, je suis pris d'angoisse. Tandis que je traverse la route, je m'aperçois que j'arrive à la hauteur d'un groupe de trois jeunes banlieusards. Trois jeunes comme on peut les voir aux informations : habillés en survêtements, avec une démarche trainante. Les mêmes que l'on nous montre en train de raquetter des gens ou brûler des voitures. (Et si je leur demandais de s'occuper de celle de tout à l'heure …) Il devrait quand même y avoir plus de policiers dans les rues ; je me recroqueville dans ma veste alors qu’ils me croisent dans l'espoir de ne pas attirer leur attention. Je vois l'un des trois (le plus grand) plonger sa main dans sa poche, et prendre un objet. J'essaie de me faire encore plus petit. Ils sont à ma hauteur, je me sens encerclé... Le plus grand ressort alors sa main de sa poche, en tenant un téléphone sur lequel il pianote tout en continuant son chemin.
Je prends le temps de reprendre mon sang froid de l'autre côté de la rue, avant de rentrer dans la boulangerie. Je me sens prêt. Je pousse la porte et la sonnerie retentit dans l'arrière-boutique. La vendeuse entre, s'arrête quelques secondes, et s'approche en faisant mine de ne pas s'être aperçue de mon état. Elle me demande ce que je veux, et me donne la baguette que je lui ai demandé. Je paye et je sors sans faire d'histoire. Je traverse la route en sens inverse, et en repensant à ma femme, je commence à avoir un doute. Si la vendeuse ne m'a pas rendu la somme exacte, on va encore se prendre la tête. Je vérifie, c'est bon. J'entends alors un klaxon. Je me retourne, une voiture arrive dans ma direction. Je me demande pourquoi elle klaxonne. Il n'y a pas de danger en vue et je semble relativement loin. Elle continue cependant sa route et ne ralentit pas. Je distingue alors le chauffeur qui me fait de grands gestes. Je comprends tout.
La voiture ne peut plus freiner, et il est trop tard. Ça, c'est encore un coup des mecs de la chaine de montage d'à côté, c'est bien leurs genre. C'est pourtant pas compliqué de serrer un boulon. En fin, à défaut de pouvoir bouger, j'ai encore le temps de me faire plaisir une dernière fois : « Monde de Merde !!! »
Ça fait du bien.
Et l'autre qui va encore gueuler parce que j'ai laissé brûler le gratin...
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Qui est-ce ?
A première vue, il est comme vous et moi
Il se lève tous les matins
Il passe sa journée à courir
Et il se couche le soir.
Il a aussi ses émois
Il possède ses petits chagrins
Et même s'il finira bien par mourir
Il n'en perd pas pour autant espoir.
Tant d'hommes ont voulu savoir d'où il venait
D'autres ont commencés à le suivre
Et ainsi, ils ont voyagé à l'Est et l'Ouest, si loin.
Certain sont morts, d'autres ont fait fortune.
Et sans s'en soucier, il voyageait
Il ne cesse jamais sa course, ivre
Et nous n'en verront sans doute jamais la fin
Il continuera sa route au côté de sa brune.
Suivrez-vous un bout de chemin avec lui ?
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Exercice poétique n°2
J'ai demandé à un ami,
Il m'a dit : "cheval ou lasagne ?".
J'en suis resté tout abruti
Avant de reprendre ma hargne.
Je suis là pour vous divertir,
Je le ferai coûte que coûte,
Et sans vous faire plus languir,
C'est pour vous que je prends la route.
Et on est parti, à cheval
Sur des voix biens humoristiques,
Accrochez bien votre moral
Car ça va être hippique.
Notons que tous les bons chevaux,
Reposent sur leurs quatre pattes,
Et c'est ce qui les rend si beaux.
C'est grâce à ça qu'il nous épate.
Les lasagne aussi ont des pâtes,
Et c'est ce qui le rend si bons.
Avec leur couche de sauce tomate,
Ils raviront tous les gloutons.
Il nous faut alors faire un choix.
Le gros bourrin à sauce tomate
Qui a des arguments de poids,
Ou les lasagnes à 4 pattes.
Certains ont trouvés très marrant,
De nous fournir les deux en un.
Pour certain c'est embarrassant,
Moi je trouve ça plutôt malin !
Surtout que cela m'aide bien.